réveil brutal

Il était froid, un énorme glaçon, mais elle s'y accrochait, sans savoir vraiment pourquoi.
Une question de survie, tout simplement.
Ou peut-être que, ensemble ils survivront, ils ne sombreront pas dans l'abysse des choses.
Ensemble.
c'était un mot qui qui lui plaisait.
Un mot de sourire.
Un mot d'espoir dans ce monde de brute.
Elle appuya sa tête contre l'épaule de Gaby, une position si agréable.
Le temps de fermer les yeux.
de penser.
de s'envoler.
Loin, très loin, en l'emportant.
Avec lui.

Rien qu'une phrase, un ton, peut vous faire tomber de votre petit nuage, même si vous êtes bien installé.
Vous sombrez.
Alors Emilie tomba...mais bien plus bas que sur la terre ferme...là où elle se trouvait avant...en enfer.


Cette phrase si implicite était aussi clair que de l'eau de roche pour Emilie.
Le noir.
La rage.
La colère.
Tout cela l'envahie...seulement dans ses yeux...
Un éclair...
Tout s'assombrit.

Des nuages partout...dans ses yeux.
Le ciel bleu n'existait plus.
Elle s'arrêta presque de respirer, comme si son coeur s'effondrait entre ses mains, sans pouvoir rien y faire.

Elle le regarda remettre sa chemise sans rien dire, sans rien penser, comme si elle n'était plus humaine.
Comme si son esprit c'était envolé, dans le ciel bleu, la laissant seule.
Seule, affrontant son destin.

"Veux-tu qu'on y aille?"

Il parlait comme s'il était obligé de le faire, même si cela le répugnait.

Etait-elle un monstre ? Un corps sans âme ? Comme le disait l'Eglise ?
Faisait-elle le mal au lieu de faire comme elle le pensait le bien ?
Etait-elle une...sorcière ?
Ce mot lui faisait si mal, mais à présent elle n'en avait plus peur.
Le monde pouvait bien rire d'elle, cela ne la touchera plus.
Et lorsqu'elle releva la tête, une nouvelle lueur s'anima dans ses yeux verts, la détermination.
Si présente que Gaby aurait même pu le voir écrit en lettres dans ses yeux.


Sa voix était cassante, blessante, mais nette.
On pouvait y lire toute sa mélancolie.
Bien qu'elle savait que cela lui prendrait des heures, elle n'en avait que faire.
Elle ne serait plus un poids.
Elle sera quelqu'un.
Gaby ouvra la bouche pour parler, elle ne l'entendit pas.
Elle était devenue sourde.
Comme si son corps, jugeait qu'elle l'avait assez entendu comme ça.

Il s'avança alors vers elle et lui pris ses mains, pour les mettre contre son coeur.
Cette fois-ci, elle l'entendait.
Son coeur,
Ses battements réguliers.

Elle était complétement bouleversée, ne sachant plus penser.

Puis, brusquement, elle retira ses mains des siennes.
Et de son coeur.
Les yeux dans le vague, elle se retourna lentement, pour rentrer, ne l'écoutant plus.

Elle se mis à marcher droit devant elle sans se retourner.
Sure d'elle.


Il était déjà tard.
Peut-être se perdrait-elle ?
Qui sait?
Elle ne rentrera sûrement jamais...
Son coeur avait réussi à accomplir une vie entière en une seule journée.
A allumer un feu, qui c'est éteind aussitôt, en laissant une cicatrice de plus.

Elle sentit Gaby marcher derrière elle, mais ne se retourna pas...
Elle en avait assez de croire...en rien.

Il la dépassa alors pour se placer devant elle, telle une barrière.
La barrière de la solitude.
Dressée sur un chemin qui n'a que deux branches, la solitude et son contraire.
Elle le regarda avec des yeux rageux.
Pourquoi voulait-il la faire souffrir ?
Même si elle avait l'air moins humaine que les autres femmes, elle vivait, respirait, et pouvait souffrir.
La... c'était le cas.
Ellle voulait crier, hurler, pour que la souffrance qui l'habitait puisse enfin sortir.
C'était intenable.
Pourtant elle tenait.
Seule de ces yeux la rage se faufilait...
Elle essaya à droite, un coup à gauche, rien à faire.
Il était là.
Toujours dans le silence, n'ouvrant pas la bouche, car sinon, ce serait s'avouer vaincue.
Emilie était de ces femmes fortes, qui souffriront toujours pour les autres, quoiqu'il arrive, même si les personnes qu'elle aiment lui fait le plus de mal possible, elle souffrira...c'est tout...c'est rien.
Et

[finis autre fois...]