Ouvrez la cage aux oiseaux... (PV)

Il y a de cela trois jours, la reine arrivait à son but. Enfermer le masque d'Argent. Oh bien sûr elle ne lui avait pas réservé une place au mouroir, mieux. Les prisons royales, là où les plus grandes crapules du royaume sont enfermées. Et Eliott n'y aurait pas coupé. Mais étrompez-vous, ce n'est pas parce qu'elles sont royales que le confort y est présent, bien au contraire, ici c'est pire qu'au mouroir. Quelle compagnie, des rats et autres bestioles non identifiées.

On ne peut pas imaginer plus insalubre, heureusement pour Eliott, il n'avait aucun compagnon mais les prisons se remplissaient jusqu'à vingt personnes pour cinq mètres carrés. Pendant les jours de pluies, les innondations n'étaient pas rares.

Mais venons en aux histoire de tortures. Vous avez bien entendus, les tortures. Attendez, la reine n'allait pas laisser le plus grand révolutionnaire du royaume passer un petit séjour tranquile en prison avant sa pendaison. C'est pourquoi lle se permettait de lui faire subir quelques humiliation pour le mal qu'il lui avait causé. Les souffrances étaient telles qu'Eliott finissait toujours par perdre connaissance.

Il devait être minuit lorsqu'Eliott s'approcha de la misérable ouverture qui faisait entrer de l'air, histoire qu'il ne meurt pas ettouffé... Il s'asseya su le rebord juste en dessous et observa les étoiles en silence. Elles étaient magnifiques et sintillaient de milles feux...

Seulement il manquait quelque chose à ce beau tableau.

- Ma belle étoile... -

Le murmure s'éleva doucement, se faisant quelque peu rauque parce qu'il ne parlait pas souvent.

Un bruit près de sa porte attira son attention...

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" Rossignol
Rossignol de mes amours...
Lorsque minuit sonnera
Quand la Lune brillera
Viens chanter sous ma fenêtre... "

La nourrice souriait tendrement en entendant s'élever la voix de sa ravissante petite protégée.
Elle l'avait toujours encouragée à chanter, elle avait une voix pure, enfantine et cristalline qui, bien que manquant de justesse et de passion, avait le don d'ouvrir les coeur par son innocence et son enchantement.
C'était toujours ou le soir, ou le matin, quand soit elles étaient quasiment seules dans la maison ou que personne ne pouvait l'entendre.
Elle ne voulait pas déranger comprenez vous, et puis la musique, le chant, cela ne sied pas aux jeunes filles de bonne famille comme elle.
Mieux valait donc que ses parents ne soient pas au courant.
Ca ne dérangeait pas sa nurse, au contraire, elle était toujours enchantée de l'entendre, et tandis que la petite, dans sa chambre, à la fenêtre, entonnait un chant à mi-voix, elle se mettait souvent dans l'escalier, son tricot dans les mains et l'écoutait.

Mais il fallait qu'elle soit très attentive, car cette malicieuse enfant avait tendance à lui échapper quand elle avait le dos tourné. C'était d'ailleurs le plus souvent dans l'après-midi, et elle s'arrangeait toujours, la fripponne, pour être de retour avant que l'on s'inquiéta de son absence.
Avant que les autres s'inquiète plutôt, car durant tout le temps qu'elle partait vadrouiller on ne sait où, la bonne se faisait un sang d'encre non seulement pour Blanche, mais pour elle-même, elle ne donnait pas cher de sa situation si l'on découvrait qu'elle "laissait" Blanche fuguer de temps à autre.
Mais elle n'avait rien à craindre, c'était le soir, elle ne c'était encore jamais échappée le soir.
Il y a un début à tout.

Elle partit chercher un verre d'eau, pour se rafraîchir, et s'attarda un moment dans la grande cuisine à bavarder avec les domestiques encore présents.
Quand elle revint, Blanche ne chantait plus.
La bonne fronça les sourcils mais songea qu'elle devait simplement s'être mise à la lecture.
Elle sourit en se rasseyant.
La bonne petite ! Elle adorait les romans. Elle n'en avait jamais assez.
Elle se remit donc à son tricot, sans se douter que la chère enfant était bien loin d'être assise sagement pour une bonne lecture...
Croyez vous que depuis le temps elle n'avait pas trouvé un moyen de s'en aller? Que ce soit le soir ou non, elle s'en fichait éperdument, au contraire, c'était bien la nuit, la nuit on est caché, dissimulé...

Un éclat de rire retentit sous la voûte obscure des cieux.
La lune était voilée ce soir, mais les étoiles veillaient, timidement.
Ce rire paraissait presque incongru, car il planait dans l'air une odeur de souffrance.
Mais comment aurait elle pu le savoir? Elle était simplement heureuse de sa liberté provisoire, petit oiseau de lumière prenant son envol dans une obscurité mystérieuse et profondément attirante pour elle.
En fait, elle avait eu juste à corrompre le jeune aide-jardinier nouvellement arrivée dans la maisonnée, il n'avait pas longtemps résisté au charme de sa jeune maîtresse et était prêt à faire tout ce qu'elle voulait pour un simple sourire d'elle.
Elle lui avait donc gentiment demandé, presque inconsciente de son charme, de mettre une échelle sous sa fenêtre le soir...
Et l'oiseau avait quitté le nid.

A présent, Blanche courait dans l'herbe, ses pieds nus frissonnant et s'amusant de la rosée qui la recouvrait déjà, sa peau transie par le froid sans que cela ne la dérangea, sa longue robe de nuit toute blanche accompagnant ses mouvements aériens avec grâce.
Evidement, à cause de sa maladresse légendaire, elle faillit chuter de nombreuses fois, interrompue dans sa danse de joie, mais une bonne étoile devait veiller sur elle à cet instant car elle trouvait toujours un arbre ou quelque chose à quoi se raccrocher pour éviter de s'affaler totalement dans l'herbe.
Au bout d'un moment, et sans qu'elle le sache, vu le peu de fois où elle était sortit et le peu de distance qu'elle avait parcouru alors, elle arriva à la caserne des soldats.
Plus précisément, derrière la caserne. Du côté des prisons.
Et tandis qu'elle tourbillonnait, les bras étendues tels deux grandes ailes blanches et graciles, qu'elle tanguait, chancelant, et riait, ivre d'air, elle entendit une voix, qui la coupa totalement dans son élan.

Une voix rauque et qu'elle trouva laide sur l'instant, tant elle était brisée par la souffrance et le vide.
Une voix qui lui alla droit au coeur et la perça d'une grande flèche de compassion.
Ce fut si soudain, si fort qu'elle en eut les larmes aux yeux, et porta ses mains à sa poitrine, comme pour contenir la douleur que cet appel avait fait passer en elle.

" Il y a quelqu'un? "

Elle n'était même pas inquiète - bien que n'étant pas particulièrement courageuse de nature, c'est l'éducation qui veut ça - sa voix s'était faite douce, presque songeuse, elle regarda autour d'elle, mais elle sentait que la voix venait d'en bas.
Un bref moment, elle se demanda même si ce n'était pas un mort qui l'apellait ainsi.
Elle avait toujours eu une imagination débordante à cause de ses nombreuses lectures, et il ne lui était pas difficile de créer toute une histoire à partir de rien.
Son coeur battit très fort dans sa poitrine et l'effroi la gagnait peu à peu lorsqu'elle entendit une respiration, son ouïe s'affinant avec le silence.
Elle baissa les yeux.
Presque à ses pieds, dans le bâtiment, il y avait une petite ouverture, en demi-lune, barré de solides barres d'acier.
En y regardant bien, il y avait de telles "fenêtres" tout le long du bâtiment.
La voix venait d'ici.
De l'Enfer.
Sa curiosité irrépressible et la sensation qu'elle avait eu la poussèrent à s'agenouiller devant la fenêtre...
Et elle croisa le regard d'un homme.

" Oh... "

[Hé ben j'étais inspirée aujourd'hui XD]

Eliott eut un moment de recul en entendant une personne se rapprocher. Il recula sa tête pour mieux observer l'humain. Un femme... Mais que faisait-elle ici ? Pendant un instant son coeur se mit à battre à tout allure, juste une seconde d'espoir... Mais ce n'était pas celle qu'il aurait tant voulu voir. Il fronça un instant les sourcils en l'entendant parler. Mais fut tout de même intrigué par cette petite colombe qui descendait directement en enfer.

Il remarqua au passage qu'elle possédait une fine et belle voix, elle ne semblait pas non plus désgréable à regarder. Eliott se redressa quelque peu et écarquilla les yeux quand elle s'accroupit.

Pauvre petite fille... Tes cheveux d'or et tes grands yeux, tes fines et ta belle voix, que font tout cela dans un monde aussi bas ? Pauvre fille, non ne regarde pas ! Trop tard... Les yeux vert d'Eliott se perdirent dans ceux de la jeune femme. Le monde autour d'eux s'engloutit de noir, détourne les yeux malheureuse...

- Vous ne devriez pas vous risquer ici damoiselle... -

La voix d'Eliott avait reprit de son élégance, elle était douce et chaude. Mais elle n'avait pas perdu de ses sentiments, loin de là.

Ses yeux se firent plus pétilleux, curieux et attiré. Son lèvres se transformèrent légèrement pour faire place à un tout petit sourire en coin.

- Excusez ma curiosité mais qu'est ce qu'une belle demoiselle telle que vous fait ici ? -

Demanda t-il avec un petit sourire rassurant. De toute façon elle ne semblait pas appeurée, mais mieux valait lui montrer qu'il ne lui voudrait rien.

Il ne portait pas son masque. Lorsqu'il était seul, il le posait sur le rebord de pierre qui lui serait de lit, il était souvent éclairé d'un petit rayon de soleil ou de lune.

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Et Blanche regarda.
Bien qu'étant sensible et femme, elle ne fut pas effrayée ou écoeurée par ce qu'elle vit.
Non, ses grands yeux de la couleur d'une rivière estivale restaient fixés sur Eliott, sans trace de craindre, horrifiés, non par lui, mais par ce qu'on lui avait fait subir.
Ne supportant pas l'odeur du sang, odeur métallique et écoeurante lui rapellant de trop mauvais souvenirs, elle sortit un mouchoir bleu de sa poche et se cacha le nez avec pour atténuer l'odeur qui lui parvenait.
Elle se pencha davantagen regardant mieux.

Les traits de l'homme, derrière les plaies et la boue, lui semblaient beaux, et jeunes, malgré ses yeux qui contenaient une vieillesse qui avait été acquise, vraisemblablement, par une douleur récente.
Les yeux verts gardant une trace de malice rencontrèrent les siens, qui étaient plus clairs mais cependant opaques et lointains.
Des plaies maculaient ses joues, et elle n'imaginait qu'à grand peine l'état du reste du corps.
Elle ne savait pas pourquoi il était enfermé, aussi bien c'était le plus cruel des assassins, mais elle ne put s'empêcher de laisser ses larmes rouler le long de ses joues.
Comment les hommes pouvaient ils se montrer aussi cruels envers leurs semblables?

Elle ne savait comment répondre à sa question, elle avait l'impression d'avoir perdu l'usage de sa voix, et fut à peine sensible au compliment tant elle était encore emplie d'horreur.

" Je dansais monsieur, murmura t'elle enfin, d'une voix brisée d'émotion, et cette réponse sembla déplacée envers quelqu'un ayant tant souffert, pourtant elle continua : je respirais. Mais vous... "

Elle s'interrompit, ferma un instant les yeux pour reprendre contenance, et abaissa enfin son mouchoir.

" Vous, pourquoi êtes vous ici? Qu'avez vous fait pour... "

* Pour mériter ça? *

Elle, si longtemps gardée loin du monde, oiselle enfermée par les soins de ses rapaces de parents, elle découvrait un univers qu'elle ignorait avec violence.
Heureusement qu'elle n'était pas comme ces dames de la Cour à tomber en pâmoison à la moindre émotion forte.

Eliott ne fut pas étonné qu'elle sorte un mouchoir. Il était vrai qu l'odeur du sang étit immonde et insoutenable. Lui même avait eu du mal à s'y habituer. Pour le laver, les gardes lui balançaient des seaux d'eaux gelées à la figure, accentuant un peu plus la douleur des plaies. Ou bien ils se faisaient encore plus horribles et remplaçaient le froid par du bouillant.

Il détourna un instant les yeux, se sentant quelque peu gêné d'imposer cette odeur à la jeune femme. Néanmoins il releva son regard lorsqu'elle se remit à parler. Ses yeux se firent un instant absent, pourquoi était-il là déjà ? Il n'y avait que depuis tros jours qu'il était installé ici et pourtant cela lui paraissait être une éternité. Il réfléchit un instant avant de soutenir son regard, son sourire s'accentuant quelque peu.

- J'ai fait faute de contredire la reine. -

Etrange réponse. Il aurait pû lui dire tout de suite qu'il était le Masque d'Argent, qu'il menait la révolte. Mais il ne voulait pas l'effrayer... Il avait enfin une autre compagnie que les rats et mieux valait ne pas la faire fuir tout de suite.

- Et bien si je peux me le permettre, vous dansez à merveille... -

Ses yeux se remirent à pétiller légèrement. Il avait toujours pensé que Dieu avait apporté les femmes pour discipliner un peu ces brutes d'hommes. Il lui adressa un beau sourire mais grimaça en sentant l'entaille de sa joue s'ouvrir quelque peu avec son sourire.

Il s'avança un peu plus et son visage se fit plus éclairé par la lune. On distinguait maintenant ses cheveux chatains, lui donnant un air plus jeune et enfantin. Ses traits les plus profond devinrent plus doux. Bref, son visage se fit plus jeune et plus accueillan, malgré que maintenant elle pouvait distinguer le liquide rouge virant sur le bordeau, qui coulait à certains endroits, les plaies ne s'étant pas encore refermées, signe qu'elle étaient neuves.

- Je suis un révolutionnaire... -

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" ...Contredire la Reine? "

Elle fronça les sourcils, incrédule, presque choquée.
Quel horrible être humain pouvait donc ainsi enfermer et châtier les gens sur une simple contestation? Que se passerait il si chacun faisait ainsi? Elle-même en aurait eu bien des gens à enfermer, et avec plaisir !
Il fallait être raisonnable, ce n'est pas parce que l'on a le pouvoir qu'on est obligé de s'en servir... Chez certains ça monte à la tête. De toute évidence, c'était ce qui se passait pour la Reine. Enfin ce qui continuait de se passer, car d'après ce qu'elle avait comprit, elle avait toujours ourdi nombreux complots dans l'ombre, quand son mari était encore sur le trône.
Il faut dire que, malgré sa réclusion, Blanche savait de nombreuses choses sur la Reine... Normal, étant sa demoiselle de compagnie favorite.

Elle se rapellait fort bien de leur rencontre.
Ils venaient tous de s'installer à Edoras, et elle avait supplié son père pour être autorisée à visiter au moins une fois les jardins somptueux, connus dans tout Galicia.
Devant ses soupirs de détresse et ses grands regards insistant et larmoyant, il avait finit par céder, à condition qu'elle soit escortée de sa nurse et de deux domestiques.
Il n'allait tout de même pas laisser sa fille chérie se promener seule dans un territoire immense et inconnu comme celui-là, même si c'était celui du Roi !
Le Roi... Blanche avait toujours rêvé de le rencontrer, rendez vous compte, se tenir devant quelqu'un qui avait un si grand pouvoir, le personnage le plus important du royaume ! Mais elle avait vite compris que ce n'était pas lui mais...

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- ...Ravissante. -

Blanche s'était retournée, intriguée au son de cette voix féminine qu'elle n'avait jamais entendue et qui lui paraissait singulière.
Elle s'était alors retrouvée face à une dame, d'âge mûr et même avancé, pour autant qu'elle puisse en juger, car dans ses toilettes et sa grâce apparente ne rejaillissait pas son âge, mais son mystère. C'est grâce à sa voix qu'elle sut comprendre qu'elle n'était plus jeune.
Blanche avait toujours adoré décrypter et entendre les voix.
Les sèches, les douces, les mélodieuses, les voix désincarnées, méchantes, agréables... Elle avait une bonne oreille, comme pour la musique.
Cette voix ci la fit un peu frémir.
Elle était douce, peut être même aurait elle pu être agréable à entendre, si elle n'avait sentit cette étrange froideur et cruauté qui s'en dégageait.
Le terme de cruauté n'était peut être pas très juste, mais impitoyable était le mot qui lui était resté après avoir entendu la voix.
Aussi, instinctivement, se méfia t'elle, elle qui pourtant accordait trop facilement sa confiance et ce très souvent.
Mais là, une voix lui soufflait de prendre garde, de retenir ses mots.

" Ravissante, madame? Parliez vous des fleurs du jardin? "

La dame, dont le haut du visage était dissimulé par un voile opaque et ne laissait entrevoir que sa bouche, sourit.

- Je parlais à vrai dire de vous mademoiselle. Il est rare de rencontrer des jeunes filles que le soleil n'a point encore gâtée et qui ne sont pas parées de milliers de bijoux et artifices pour dissimuler une beauté non accordée par le ciel et être par conséquent moins laides. -

Ignorant ce que la femme voulait lui dire - car elle n'avait pas forcément acquis le parler de la Cour qui parlait beaucoup pour finalement ne faire que suggérer, et encore, le moins - elle préféra rester muette, hésitant sur l'attitude à adopter car elle ne savait si on venait ou non de lui faire un compliment.
Elle voyait que Anne, sa nourrice, la regardait avec insistance, comme pour lui suggérer quelque chose qu'elle ne pouvait pas dire, et que les deux domestiques s'étaient inclinés.
Et soudain, elle comprit, et plongea dans une grande révérence à son tour pour cacher son embarras.

" Votre majesté ! Je ne vous avez point reconnue pardonnez moi... "

La Reine éclata de rire et Blanche ne put s'empêcher de relever la tête, intriguée.
La grande dame finit par relever son voile et Blanche croisa des yeux aussi froids et calculateurs que ceux d'un serpent, comme l'avait laissé entendre sa voix.
Pourtant, ils étaient allumés d'une étincelle chaleureuse, et Blanche était trop naïve pour penser que c'était sa présence qui l'avait allumée.
Et pourtant...
Elle avait toujours provoqué ça chez les gens. Ils se sentaient bien avec elle, on pouvait lui confier spontanément des choses que l'on ne dirait pas à tout le monde, ensorcelé par son visage charmant et son innocence.
La Reine ne résista pas non plus au charme.

- J'ai eu vent d'une arrivée à la Cour, celle de notre cher duc de Bretagne. Vous devez sans nul doute être sa fille, n'est ce pas? -

" Oui... Murmura t'elle du bout des lèvres, Louison... Je veux dire, Blanche. Blanche de Reynaud, à votre service madame. "

Elle inclina la tête une nouvelle fois, respectueusement.

- Un nom qui vous honore je dois dire. Quant à mon service... Vous savez, il arrive que je m'ennuie, seule dans ce château. Aimeriez vous venir me distraire, me tenir compagnie de temps à autre? Je vous en serai reconnaissante et vous en serez gratifiée, cela va de soit... -

Blanche eut un sourire timide.

" Comme il vous plaira madame. "

- Bien. En ce cas, venez demain. -

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Cette rencontre était restée gravée très précisément dans sa mémoire, et elle continuait d'être intriguée du comportement de la Reine ce jour-là, et les jours suivants. Elle semblait l'apprécier, mais aussi voir quelqu'un d'autre en elle.... Mais Blanche ne se sentaiy jamais à l'aise en sa compagnie. Pourtant, en bonne âme qu'elle était malgré ses défauts et son caractère capricieux de princesse gâtée, elle remplissait fidèlement son rôle.
Et cela lui avait accordé une place dans le coeur de la Reine...

Elle rougit un peu en entendant ce que lui disait Eliott.
Elle avait, évidement, toujours adoré la danse qui était pour elle une discipline étroitement liée à l'escrime où chaque pas pouvait être fatal s'il n'était pas contrôlé, ajusté, exécuté à la perfection.
Et elle excellait dans ces deux exercices, les seuls que sa maladresse naturelle ne pouvait gâcher.
Autant elle tombait parfois sans raison même en ne faisant que marcher tranquillement, autant les pas dansés les plus difficiles pour l'équilibre elle les réussissait avec aisance.
Cependant et elle était toujours intimidée des compliments.

" Heureusement que je ne tombe pas lors de mes danses, quoique cela vous auriez fait bien rire ! "

Rire... Elle parlait de rire dans l'état où il se trouvait? Ce qu'elle pouvait être sotte parfois... Sotte et spontanée. Elle n'en rougit que davantage.

" Pardonnez moi, je parle légèrement alors que vous êtes enfermé.... "

C'est à ce moment qu'il s'avança à la lumière de la lune, nouvelle découverte par les nuages chassés au loin sous quelque vent impétueux.
Elle ne s'approcha que davantage pour mieux observer ce visage qui la hanterait longtemps, car ce serait la première marque de réelle cruauté qu'elle verrait en ce monde.
Malgré ses blessures et cicatrices, elle le trouva beau. Jeune et beau. Elle avait l'impression que dans ce visage, le temps ne pourrait y causer de ravage, car il semblait animé d'une vie farouche, d'une vie forte.
Il lui rappelait d'autres visages connus et aimés par cette étincelle bravache et malicieuse qu'elle voyait briller dans son regard.
Yvon par exemple, son compagnon de jeu avant que les révoltes et l'âge ne l'en éloigna pour toujours.
Elle sourit.

Timidement, elle tendit son mouchoir et passa la tissu bleu et sans tâche sur les blessure, pour éponger un peu le sang, mais c'était surtout un geste symbolique. L'aide.

Elle hésita un peu, en revanche, lorsqu'elle appris qui il était.
Un révolutionnaire? On lui avait insufflé la crainte de ses barbares sans fois ni lois qui détruisaient tout sur leur passage pour des revendications incongrues, sans queue ni tête.
Ils ne sont animés que di désir de détruire et de tuer, disait son père, et chacun dans la famille semblait plus ou moins d'accord avec lui.
Lorsqu'elle était plus jeune, ses cauchemards avaient été peuplés de ses loups sanguinaires déguisés en humains attaquant, pillant, brûlant tout.
Mais ses lectures suivantes lui avait ouvert l'esprit, les personnages n'en était pas toujours des héros, ni des princes, et bien souvent son préféré était le jeune rebelle du coin, toujours si bien décrit et si beau avec une mèche noire et rebelle et ce pétillement insouciant dans l'oeil, reflet de celui qu'elle voyait dans les yeux du jeune homme en face d'elle.

Elle pinça les lèvres en prenant une résolution, ouvrit délicatement les doigts de la main qui accrochait les barreaux et y déposa son mouchoir.

" Peu importe qui vous êtes et ce que vous avez fait, mais personne ne devrait rester croupir dans de telles conditions, pas même le pire des meurtriers (elle pouvait parler ainsi, elle qui n'avait pas eu à en souffrir) prenez ceci, en gage de ma promesse. Je viendrais vous aider. Je connais la Reine, peut être pourrais je intervenir auprès d'elle pour vous faire libérer? Je crois avoir gagné une certaine place dans son coeur.... "

* Si elle en a un * Pensa t'elle, après ce qu'elle venait de voir, elle ne pouvait qu'en douter.

Et puis, ce jeune homme si beau... Il ne pouvait pas rester ainsi captif!

Eliott la regarda du coin de l'oeil, observant attentivement sa réaction à la prononciation de la reine. Ellesembla alors bien pensive et le Masque d'Argent fronça un instant les sourcils. Si cette femme se trouvait être une fervente admiratrice de la reine, la conversation risquerait de tourner court. Il la regarda attentivement, scrutant chacun de ses doux traits avec avidité. Cela faisait trois jours qu'il n'avait point vu beautée et il en avait oublié à quel point cela était agréableà l'oeil. Il esquissa un petit sourire désolé.

- Pardonnez-moi, je fais vilain à vos côtés... -

Elle était pure et blanche, ses longs cheveux couleur des blés lui tombaient sur les épaules telle une cascade, elle avait de beaux yeux aussi, et Eliott ne fut pas dupe, on devait facilement s'y perdre. Lui en revanche était sale, ses cheveux foncés étaient tout autres aux côtés de ceux de la belle, son regard était plus fougueux, ses traits se voulaient tirés et l'on voyait dans son expression que la vie n'avait point été aisée pour lui.

Il fut en revanche très surpris devant les reflexions de la jeune femme. Elle pnsait à merveille et ses idées étaient bonnes. Pourtant on sentait à quel point elle était innocente et n'avait pas vécu énormément d'aventures. Car lorsque l'on connait le meurtre, il est difficile de pardonner. Il sourit en voyant sa précipitation.

- Si vous dites un mot de moi à la reine, vous aurez le droit de m'accompagner dans ma cellule. -

Il se pencha légèrement, de manière à ce que son visae frôle celui de la belle, il leva une main, propre avec des doigts fins, véritable contraste avec son visage. Il l'aprocha du visage de la jeune femme et sans qu'elle n'ai le temps de réagir, il lui frôla le cou, ne laissant jamais ses doigts le toucher. Son sourire s'accentua légèrement et se fit plus taquin, plus vivant, mais aussi plus charmeur. Plus ravageur.

- La révolte est la mienne... -

Il verrait ainsi si elle avait assez d'esprit pour comprendre qu'il menait la révolution. Et surtout qui il était. Peut être ne connaissait-elle pas le Masque d'Argent ? Cela serait bien étonnant...

Il se redressa et son visage se recula, il détourna les yeux vers la lune et l'observa longuement.

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" Vilain? "

Malgré qu'elle réussisse à retenir le rire qui lui venait spontanément, elle ne put en revanche garder un visage impénétrable et masquer son sourire.
C'était tellement étrange de l'entendre parler légèrement lui aussi. Comme si, dans sa situation, on pouvait réellement se soucier d'avoir mauvaise apparence ! Il est vrai que c'était difficile pour elle de regarder, mais seulement à cause des blessures.

" Voyons, ne soyez pas idiot, il suffira de soigner ses blessures pour vous faire retrouver mine convenable et charmante, vous verrez " Assura t'elle avec un doux sourire et un regard confiant.

Elle fronça les sourcils ensuite.
Se sentit glacée d'effroi.
Elle ne pouvait se retenir d'un élan d'égoïsme et de penser à ce qu'elle pourrait bien devenir, enfermée dans un de ces trous à rat puants la mort... Elle ne pourrait y survivre ! Si ce n'était pas la puanteur qui l'achevait, ce seraient sans nul doute ces rustres de gardes...
Le bruit courait parmis les dames qu'ils n'hésitaient pas à rudoyer les femmes... certaines en parlait même avec excitation. Celles-là, Blanche leur jetait un regard dégoûté et choqué.
Puis elle songea plus véritablement à ce qu'il venait de lui dire.
Si elle ne pouvait parler de lui à la Reine sans risquer sa propre vie... c'est que c'était non seulement un prisonnier de grande importance, mais encore dangereux... elle commençait à regretter sa bonté et son insouciance naturelle.
Mais ce ne fut qu'un instant, il paraissait si seul, si misérable, si gentil, il parlait si bien...
De plus Blanche se sentait transportée de s'engager dans une aventure palpitante. C'était comme dans l'un de ses romans merveilleux qu'elle lisait... C'était absolument génial.
Elle n'allait pas tarder à déchanter, malheureusement.
Mais son esprit agile commençait déjà à envisager un plan... lorsque toutes ses pensées furent anhilées par ce qu'il dit.

Elle le dévisagea, stupéfaite.

" La révolte... est... la votre? Mais que... "

Ses yeux s'grandirent alors qu'elle comprenait, soudain.
Un révolutionnaire... un beau révolutionnaire, bien gardé, maltraité, dont la reine ne voudrait pas entendre parler, qui dirigerait la révolte...
Elle frissonna en sentant ses doigts sales contre son cou blanc, mais n'eut pas le temps de songer à se reculer.

" Le Masque D'Argent... " Murmura t'elle.

Elle se redressa brusquement, faisant un pas en arrière.
Il fallait d'abord que son esprit déjà bien mouvementé ce soir accepte la nouvelle.
Mais, finalement, un sourire illuminé se dessina sur son visage. Comme un enfant recevant un cadeau de Noël.
Blanche n'était certes pas stupide, mais parfois... Bien que chez elle ce soit charmant.

" Vous êtes le Masque D'Argent ! "

Elle éclata de rire et porta ses deux mains à sa bouche, à la fois sous le coup de l'émerveillement et pour éviter de faire trop de bruit.

" C'est donc vous le héros, l'aventurier dont tout le monde parle ! Vous dont personne n'a vu le visage à la Cour ! "

* Sauf moi.... *

Elle frémit d'excitation et de fierté à cette pensée.
Mais son sourire s'effaça vite.

" Il vous ont attrapé... "

Depuis qu'elle était arrivée ici, elle s'en était fait son héros.
Héros de l'histoire qu'elle s'inventait chaque jour.
Et elle ne pouvait admettre que ce héros soit enfermé.

Elle serra le poing.
Qu'importe ! Elle entrait dans l'histoire, et elle l'aiderait.
Son regard se fit déterminé.

Le sourire d'Eliott ne s'effaça pas. Tout au long de l'instant où le jeune femme se rendait compte de qui elle avait en face d'elle, il restait calme et la fixait du coin de l'oeil. Ses yeux pétillèrent d'avantage quand elle finit par trouver.

- Exellente déduction. -

Le Masque d'Argent... Comme il aurait aimé ne pas porter ce pseudonyme, posséder une vie normale avec une femme normale, des enfants normaux et un métier normal. Sauf qu'il n'avait rien de tout cela ! Sa vie était on ne peut plus bouleversée de péripéties, sa femme, on va plutôt parler de sa compagne, n'avait rien de ce que l'on peut appeller 'normal', sinon cela ferait longtemps qu'il l'aurait gentiment envoyé paître. Des enfants ils n'en avaient pas et s'en portait pas si mal, et enfin un métier, on ne pouvait pas vraiment dire que révolutionnaire soit un métier convenable !

- Oui je suis le Masque d'Argent, mais ne vous enflammez pas ainsi très chère... -

Il plaisanta et mit cette phrase sur le compte de l'ironie. Il eut même un petit rire en entendant la version noble de son éloge. Cela lui convenait...Bien que le terme de héros ne l'attirait pas tant que ça. Il aurait bien préféré se terrer dans l'ombre et mener la révolte sans que personne ne s'en aperçoive, ce qui était, soi-disant passant, impossible. Il garda son étrange petit sourire sur les lèvres tout en la contemplant.

Il avait toujours un regard étrange cet homme. Surtout envers les femmes. Bien des dames se trouvaient gênées en sa compagnie de par le fait que lorsque l'on croisait son regard, on se sentait nue, on semblait penser qu'il pouvait vous détailler sans la moindre gêne. C'était un regard qu'il ne controlait pas et il n'avait pas conscience de l'effet qu'il prodiguait sur la gente féminine...

Il eut un petit sourire désolé, en voyant cette mine déçue sur le visage de Blanche.

- Et oui damoiselle, votre héros se trouve être pris dans les filets. Je me vois désolé de casser le mythe. -

Son sourire se fit plus chaleureux, espérant que cela remonterait quelque peu le moral de la jeune femme. En revanche, quand il croisa les beaux yeux, il pris une expression surprise.

- Ohla ma douce ! Quel est donc l'idée qui se trame derrière cette mine déterminée ? -

Il rit lui même de son ton si soutenu, qui se voulait bien évidement moqueur. Mais son rire était si joli et vrai qu'on le lui pardonnait. Il ne s'était bien évidement pas rendu compte qu'il l'avait appellé ma douce, pouvant causer de la gêne chez la jeune femme.

Nombre de messages : 14 Date d'inscription : 05/01/2008

Elle rougit un peu de se laisser autant emportée et baissa les yeux avec une grâce et une gêne qui la rendait adorable.
Elle s'agenouilla plus confortablement en face des barreaux de la prison et posa ses deux petits poings serrés sur ses genoux.

" Je suis navrée monsieur, j'ai toujours eu une fâcheuse tendance à laisser les sentiments s'imposer à moi, plutôt que de les dompter. Je ne peux m'emporter ainsi, cela.... "

Elle eut un petit rire, mais son visage n'exprimait aucune joie ni amusement.

" Cela ne convient pas aux jeunes filles de mon rang. "

Elle releva la tête et les yeux avec un doux sourire et une lueur un peu lasse dans son regard pâle.
Lasse, car elle n'en pouvait plus de devoir se comporter en suivant des règles strictes et qu'elle trouvait injustifiées.
Au non, n'allez pas croire qu'elle était une rebelle dans l'âme, qu'elle était farouchement éprise de bataille avec un caractère de cochon etc... non.
Simplement, qui n'a pas rêvé d'avoir une vie sans contraintes?
Jusqu'ici, la seule personne dont elle avait du s'occuper, c'était elle-même, ce qui expliquait son égoïsme, son innocence et sa fermeture au monde.
Mais maintenant, cela changeait.
Pour la première fois, quelqu'un avait besoin d'elle, elle était heureuse.
Il fallait qu'elle le sorte de là, tout rebelle sanguinaire qu'il soit ! Il était un héros, quoi qu'il dise ! Son héros !

" Oh mais vous ne cassez pas le mythe, même les plus grands se sont un jour retrouvé enfermé, trahis, comme le Comte de Monte-Cristo par exemple ou... "

Elle eut un petit sourire gêné.

" Excusez moi, je m'égare. Cela m'arrive souvent quand je suis lancée sur des histoires que j'aime... Les romans aussi, ma mère ne les aime pas, la lecture.... trop passionnée, dit elle. "

Elle sourit de nouveau et reprit ou elle voulait en venir.
Heureusement, elle était encore trop naïve pour rougir des appellations ou de l'humour du Masque D'Argent, elle ne pensait pas à ce moment précis qu'il pouvait s'intéresser à elle ou quoi que ce soit. Comment vouliez vous qu'elle pense à une chose pareille alors qu'elle était déjà assez acaparée par la nouveauté qu'elle s'imposait, à savoir, jouer sa vie.
C'était tellement excitant ! Tant que l'on était pas face au danger...

" En effet monsieur, j'ai une idée... il faut vous faire sortir d'ici. J'ignore si je suis pour ou contre les révolutionnaires, et vous allez sans doute me trouver puérile mais.... "

Elle eut un petit sourire amusé et coupable.

" Je serai ravie de voir la Reine en déconfiture, ainsi que cette horrible Cour ! "

En effet, même si Blanche avait des manières de princesse et aimait son confort, elle n'était, pour tout dire, pas très bien disposée envers les personnages de son entourage, qui ne parvenait pas à comprendre l'étrange jeune femme.
Qui, à vrai dire, n'essayaient même pas.
C'est dur d'être différent.

" Et puis, cela me fera un peu de distraction que d'apprendre des nouvelles des batailles... et j'aurai un ami. Pensez vous que, une fois libéré, nous pourrions nous revoir? Si besoin est, j'ai quelque expérience à l'épée, mon maître, un maître réputé, m'en a appris certains secrets et je tiens assez bien sur un cheval je dois dire, mieux que sur mes propres pieds... "

Elle eut un grand sourire et joignit ses deux mains avec unr regard brillant.

" J'aimerai tant vous aider et devenir votre amie ! "

On pourrait s'étonner qu'elle parle si vite d'amitié mais... quand on est si seule, et encore si jeune, rien que dans l'esprit...

Décidément, Eliott n'était pas au bout de ses surprise avec cette jeune femme. Elle était très intriguante... Elle n'avait rien de la rebelle des grands jours que l'on voyait dans les livres, et pourtant on sentait chez elle comme une petite flamme de défi. Véritablement étrange cette femme... Eliott eut un petit rire, en revanche elle était passionnée et on sentait que l'habitude du danger n'existait pas chez elle !

- Je vous en pries appellez moi Eliott, monsieur est un nom bien trop sérieux pour quelqu'un comme moi... -

La suite lui parut plus sérieuse et il perdit quelque peu son sourire. Il était vrai que Blanche semblait vraiment être de la haute lignée et le titre de princesse ne l'aurait pas étonné. Il lui adressa cependant un fin sourire lorsqu'elle parla de son rang.

- Il faut parfois oser défier les règles. -

Et il parlait en connaissance de cause bien sûr. Il l'observa continuer son discour, toujours du coin de l'oeil avec son petit sourire. Décidément lorsque cette petite boule d'énergie était mise en route, ce n'était pas facile de l'arrêter. Quoi qu'elle avait ses limites et n'arrêtait pas de s'excuser. C'était mignon...

- Haaaa les histoires... Elles sont là pour faire rêver, pur attirer et pour s'évader. Mais lorsqu'elles sont vraies, aussi formidables soient-elles, elles sont très périlleuses et la peur est le premier des sentiments. Néanmoins il y a du vrai dans tout ces livres. -

Détrompez-vous, sous ses airs de barbare sanguinaire, Eliott se trouvait avoir quelque peu d'esprit. Il ne rivaliserait surement pas avec quelqu'un de la cour mais il saurait se défendre.

- Je ne doute pas de vos capacités mademoiselle. J'ai dans mes rangs bien des femmes qui saurait défier les plus grands de vos hommes. -

* Bien des femmes... *

Son air se perdit quelque peu en évoquant les femmes, le visage d'Eléa lui vint à l'esprit et son regard se fit trouble... Mais il revint vite à la raison.

- Si je sors, ce serait avec plaisir que j'aimerais vous revoir damoiselle. Seulement la reine a choisi de m'ôter la vie dans deux jours précisément... Je crains que notre amitié ne sois que de courte durée... -

Il lui adressa un sourire désolé et détourna les yeux, le souvenir de sa belle lui hantait l'esprit... Il secoua brièvement sa tête et retourna ses beaux yeux verts sur Blanche.

- Excusez mon égarement, mais cela fait quelque temps que je n'ai point vu mes proches et l'idée de leur causer du mal par ma mort est insoutenable... -

Nombre de messages : 14 Date d'inscription : 05/01/2008

Blanche rougit un peu.
Elle parlait si rarement avec les hommes qu'elle n'avait pas l'habitude qu'ils passent outre les convenances avec elle. Cela ne se faisait pas, du moins, pour sa famille qui était véritablement très stricte au point de vue relationnel, cela ne se faisait pas de donner ainsi son prénom, normalement on donnait le titre...
Mais on ne pouvait guère attendre de grande politesse de la part d'un révolutionnaire, et qui plus est d'un révolutionnaire enfermé, n'est ce pas?
Aussi Blanche choisit elle de faire une légère entorse au règlement... du moins, après l'avoir écouté, et quand elle en aurait le courage, car elle avait peur de se mettre à bégayer en donnant son nom et elle aurait vraiment eut l'air idiote, à son avis.

" Très bien m... Eliott. Je vous appellerais ainsi désormais. "

Elle eut un charmant sourire.
Puis baissa les yeux.
Défier les règles? Son front blanc se plissa.
Elle n'y avait jamais réellement pensé... Non, elle se mentait, bien sûr qu'elle y avait penser, mais ça, c'était pour les autres, c'était dans les histoires, dans les contes... dans la vraie vie, les princesses ne se rebellaient pas, elles ne partaient pas en guerre pour suivre l'homme qu'elles aimaient, il n'y avait ni tragique ni passion dans la vraie vie, tout n'était que mariages arrangés, étiquette et romans pour s'évader.
Même si en son coeur elle ne pouvait s'empêcher de penser à un avenir de conte de fées pour elle, maintenant qu'elle grandissait et que sa vie était de plus en plus définie et son chemin certains, dicté par d'autres, elle commençait à perdre ses belles illusions.
Aussi releva t'elle la tête avec un triste sourire et un douloureux regard.

" Peut être oui... Mais ce n'est pas pour moi. C'est bon pour les gens comme vous Eliott. Les gens ayant eut une dure vie ont le droit de se battre pour quelque chose. Moi... de quel droit je voudrais changer ma vie? J'ai tellement de... de... de chance... "

C'était ce qu'on lui répétait sans cesse, si jamais elle avait l'audace de se plaindre.
Mais enfin, elle était tellement choyée, aimée, réconfortée, protégée, elle avait des parures superbes, que voulait elle de plus?
Elle n'avait pas osé donner sa réponse.
Mais elle aurait été la suivante.
Vivre.

Elle préféra ramener ses pensées vers un avenir moins angoissant, quoique tout aussi morose.
Elle remarqua alors l'air triste et égaré qu'avait soudain Eliott sur le visage.
Elle n'était pas la seule à qui cette conversation faisait de l'effet.
Intriguée juste ce qu'il faut, et gênée en même temps, car elle trouvait que c'était du voyeurisme que de le dévisager alors qu'il était vraisemblablement sous l'emprise d'une émotion forte, elle croisa son regard.
Il revint à lui.
Elle lui sourit.

" Si j'ai le pouvoir d'empêcher qu'une vie soit prise aussi injustement et avant son heure, croyez moi Eliott, je le ferais. Ne désespérez pas, il y a du bon en ce monde. On peut se battre pour ça. "

Elle eut un léger éclat de rire, très bref, et se releva.

" Ne vous en faites pas, vos proches vous reverront. Je viendrais vous tenir compagnie autant que possible, et avec l'aide de quelques serviteurs fidèles, je vous ferez sortir. Vous avez ma parole. Je dois m'en allez maintenant, au revoir, à bientôt. "

Elle se détourna, comme pour partir, son pied se leva, alla effleurer l'herbe devant lui, hésita... et refit demi-tour.

" Je m'apelle Blanche. "

Et elle le quitta d'un pas rapide, de peur de perdre tous ses moyens.
Elle avait d'ailleurs intérêt à se presser de peur que cette fois Anne la dénonce à ses parents.