[ Chaos ]

Plouf.
Plouf.
Plouf.


Eléa regardait les cailloux qu'elle jetait dans la paisible et froide mer du port.
Elle regardait les ondes qui se propageait après ces chutes.
Hop ! Un foutu caillou brisait la surface de l'eau, et tout était perturbé.
Hop ! Une foutue lettre dans un coeur déjà abîmé et tout se détériorait.
Oui, depuis deux, trois jours (combien? Elle avait oublié) tout ce qu'elle faisait, tout ce qu'elle pensait se ramenait forcément à cela.
La lettre.
Qui avait tout gâché...
Ca n'allait déjà pas bien après ce qu'elle avait vu et compris.
Et maintenant, ça allait mieux?
Il ne l'aimait plus. C'était clairement expliqué non? Il ne voulait plus la revoir, alors il ne l'aimait plus.
Dans son esprit au caractère encore enfantin, c'était forcément ainsi.
Elle préférait se trouver une explication aussi simple que celle-ci même si elle était très douloureuse plutôt que d'avoir a chercher ailleurs.
Où ce serait tout aussi douloureux.


Plouf !


Elle avait jeté son dernier cailloux, celui-ci fit un bruit qu'elle jugea magnifique.
Soudainement, elle se mit à penser à la musique.
Pas à la musique comme l'entende ceux qui la pratique, la belle musique bien jouée et absente de toute passion, non, pas la musique instrumentale, forcément, mais celle qu'il y avait dans toutes choses.
Celle qu'il lui semblait tout le temps avoir en elle.
Vous savez, un petit air qui vous trotte dans la tête et qui ne veut plus vous lâcher....
Des paroles qui viennent seules, sans qu'on les aient demandées, et qui ne s'en vont plus à moins que vous les donniez à quelqu'un d'autre, au vent par exemple.


" Ah, très bien, je te donnerais ces mots vent glacial ! Mais ne me prend pas pour objet de dérision, car même le vent je serai capable de le briser ! "


Sa colère ne s'était toujours pas apaisée.
Et ce n'était rien comparée à la peine immense et la douleur profonde qu'elle ressentait.
C'était pire que lorsqu'il était absent.
Là, il était ici, pas très loin d'elle sans doute, et elle ne pouvait pas l'approcher, pas le toucher, pas lui parler...


Cette lettre, cette maudite lettre... les sales mots écrits !
Oh vent, prends les ces mots qui viennent et dépêche toi car ils me rongent !


" J'ai compris tous les mots
J'ai bien compris merci...
Raisonnable et nouveau
C'est ainsi par ici... "


Ce n'était que rarement des chansons joyeuses qu'elle inventait, et puis, souvent, elle ne les inventait pas complètement, il y avait déjà une phrase qu'elle avait entendu ici, une autre par-là, et elle rassemblait tout ce qui concernait son émotion du moment, et elle les ressortait sur des notes qui venaient seules, elles.


" Que les choses ont changées.
Que les fleurs ont fanées,
Que le temps d'avant
C'était le temps d'avant...
Que si tout blesse et lasse
Les amours aussi passent...
Il faut que tu saches "


Elle inspira un grand coup, et si jusque là elle fredonnait, sa voix prit un peu plus d'ampleur, ses yeux brillèrent de larmes encore retenues.
Les mots qu'elle inventait n'étaient jamais dignes des grands vers d'écrivains ou des superbes rimes des poètes et chanteurs, ils sortaient juste du coeur, elle ne cherchait pas à faire bien, elle cherchait à faire juste.


" J'irais chercher ton coeur (si tu en avais un)
Si tu l'emporte ailleurs (dans d'autres bras, d'autres lits...)
Même si dans tes danses
D'autres danses tes heures (si elles savaient leur chance !)
J'irais chercher ton âme (je croyais l'avoir touchée)
Dans les froids dans les flammes (jusqu'en Enfer)
Je te jetterais des sorts
Pour que tu m'aimes encore... "


Elle se pencha, retira les bas qu'elle s'était finalement décidé à mettre, de vieux bas noirs usés, les posa près d'elle, sur la digue, et ses orteils frôlèrent l'onde et tressaillirent comme si elle eut été de la glace.


" Fallait pas commencer,
M'attirer,
Me toucher...
Fallait pas tant donner
Moi je sais pas jouer...
On me dit qu'aujourd'hui
On me dit que les autres font ainsi
Je ne suis pas les autres...
Avant qu'on se détache
Avant que l'on se gâche...
Je veux que tu saches "


Ses pieds plongèrent totalement dans l'eau.


" J'irais chercher ton coeur
Si tu l'emporte ailleurs
Même si dans tes bras,
Dansent d'autres que moi
J'irais chercher ton âme
Dans les froids dans les flammes
Je te jetterais des sorts
Pour que tu m'aimes encore...
Pour que tu m'aimes encore ! "


Elle prit appui sur le digue, et sauta sur un rocher juste en face, ces rochers qui entouraient entièrement le port.


" Je m'inventerais reine
Pour que tu me retiennes
Je me ferais nouvelle
Pour que le feu reprenne
Je deviendrais ces autres
Qui te donnent du plaisir
Vos jeux seront les notres
Si tel est ton désir
Plus brillante, plus belle
Pour une autre étincelle
Je me changerais en or
Pour que tu m'aimes
Encore...
Pour que tu m'aimes encore

Pour que tu m'aimes encore ! "


[Comme vous pouvez le constater j'aime la musique XD Désoléééée ^^]

Son premier réflexe fut de sourire quand elle se retourna. Bah oui cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion de la voir de si prêt. Mais lorsqu'il aperçut son expression, ses yeux s'agrandirent et il eut vite un air effrayé. Il observa furtivement de chaque côté un moyen de s'enfuir. Mais il n'eut pas le temps de dire ouf qu'il se sentit basculer en arrière.

Il s'écrasa violament contre les graviers et ettouffa un petit cri de douleur. Mourir en silence... Les révolutionnaires savaient si bien le faire ! Il la regarda s'acharner et prit de panique commena à pester.

- Ha ! Mais ! Aïe ! Lache moi ! HAAA ! Mais tu es folle ?! AÎEUH ! Non pas là...HA ! -

Ses paroles furent saccadés par des coups, des griffures, bientôt il se retrouverait rouge de sang si elle continuait ! Oui parce que malgré qu'elle ai moins de force que lui, elle se trouvait sur lui, ce qui entre nous était une positiontrès étrange, l'empêchant de boucher et qui plus est, le rouant de coups ! Il allait vraiment finir par se tirer une balle avec toutes ces folles...

Alors qu'il allait encore pester, la voix d'Eléa se brisa et Ely se calma, l'observant, abasourdi. La voir pleurer n'était pas commun et il n'aimait pas ça du tout.

- Mais enfin Eléa... -

Il posa une main sur son épaule et l'observa d'un air incrédule.

Elle enleva sa main de son épaule avec brusquerie, ses pleurs redoublant.
Il ne se rendait vraiment compte de rien? N'avait il vraiment aucune conscience du mal qu'il lui avait fait et qu'il lui faisait encore?
Parce que toute la crise qu'elle avait eu en découvrant cette lettre lui revenait à présent, et les émotions qu'elle avait ressenties alors, et qu'elle ressentait maintenant, de nouveau, lui étaient envoyées en plein visage, pire, mille fois pire qu'un violent coup de poing.


" Ne me touche pas ! "


C'était une vraie torture...
Ses sanglots devinrent hystériques, sa poitrine se soulevait par à-coup, et la crise de rage et de larme durant un moment encore, jusqu'à ce qu'elle réussisse enfin à respirer, à sa calmer.
Il lui fallait alors toute sa concentration pour s'apaiser, toute sa volonté, car elle se retenait, vraiment, de recommencer à le frapper.
Oh, ça aurait pu être drôle pour quelqu'un d'extérieur, il aurait cru assister à une scène de ménage un peu étrange entre deux êtres pas communs.
Mais s'il avait jeté à petit coup d'oeil à l'intérieur, il aurait fuit, épouvanté de ce qu'il aurait trouvé chez Eléa.
Cette fille était tout simplement trop intense.


" Comment as tu pu penser que je vivrais sans toi? " Murmura t'elle finalement.


N'allez pas croire qu'elle n'était plus fâchée contre lui, mais la douleur, la douleur l'égarait.
Elle tourna vers lui un visage certes baigné de larmes mais à présent calme et lisse.
Presque paisible pourrait on dire.


" C'était une punition? J'avais fait quelque chose de mal? J'aurai préféré une gifle ! "


Elle cria ce dernier mot mais la crise ne recommença pas.
Elle se contenta de se lever, ses cheveux noirs voltigeant violement au vent marin, longue crinière se tordant.

Il susauta à l'ordre qu'elle lui assigna. Ne pas la toucher... Pourtant c'était ironique tout de même vu qu'elle était allongéesur lui. Mais il se garda bien de le lui faire remarquer. Ne pas la toucher... C'était un réflexe le contact entre eux, il n'avait pas fait exprès.

Il paniqua en la voyant reprendre sa crise, craignant qu'elle lui fasse de nouveaux part de ses chatiments. Il l'a trouvait vraiment folle... Ses pensées se bousculaient toutes les unes contre les autres dans une confusion des plus totales. Il n'avait jamais remarqué à quel point elle pouvait être attachée à lui. Et 'était seulement à cet instant qu'il le découvrait. L'idée de sa réaction à la lettre lui trota dans la tête un instant mais il préféra ne pas y penser.

Lorsque c'était calmée, il ne leva pas sa main vers elle et l'observa abasourdi. Apeuré aussi, parce qu'elle était de loin la personne la plus imprévisible qu'il n'avait connu !

" Comment as tu pu penser que je vivrais sans toi? "

Cette phrase ouvrit une porte dans l'esprit d'Ely. Alors comme ça elle était vraiment attahée à lui... Décidément, il avait du mal à se rendre compte de tout les malheurs qu'il avait occasionné.

- Je... -

A peine il avait ouvert la bouche pour répondre qu'elle posa déjà d'autres questions. Il semblait à cet instant même, l'homme le plus perdu du mnde entier ...

- Non bien sûr que non, tu n'as rien fait... -

Un instant il se dit qu'elle n'avait peut être pas compris cette lettre. Ou qu'elle la prenait trop à coeur ce qui ne l'aurait pas étonné. Il se leva à son tour, soupirant de ne plus avoir les nombreux gravillons dans le dos.

Il observa Eléa en silence, ne sachant trop que dire. Il se rapprocha légèrement en la fixant droit dans les yeux. Mais finalement les mots lui vinrent tout seuls...

- Ecoute moi. Cette punition comme tu l'appelle était tournée pour moi, et je suis navrée que tu l'ai prise à ton compte. Je pensais que je te faisais souffrir, et je ne me le permettais pas. J'ai eu peur Eléa... Oui peur. -

Ce n'était pas commun à un révolutionnaire d'avouer sa peur ainsi, surtout lorsque c'était une peur sentimentale...

- Je ne veux pas m'éloigner de toi, crois moi je n'en ai aucune envie. Mais l'idée que tu puisse souffrir par ma faute m'a été horrible. Je ne veux pas que tu perde la tête, je veux que tu vois d'aures choses que moi dans ce monde. Je suis navré que tu ai pû croire qu'il y avait quelque chose entre cette noble et moi même. Je n'ai jamais éprouvé de sentiments si ce n'est une forte amitié pour elle. Alors que toi je ne sais pas... Je n'irais pas jusqu'à dire que je t'aime par un véritable amour mais je suis sûr que c'est bien plus que de l'amitié qui nous unis. -

Il baissa un instant les yeux, ce n'était pas son genre de faire de grands discours mais là, il avait quand même un gros poid sur les épaules.

[Arrêtez c'est juste un beau salaud XD ce qui peut être pris dans plusieurs sens MDR]


Elle resta debout, se demandant s'il allait parler, s'excuser, partir, rester...
Se demandant s'il ferait quelque chose même.
Elle ne savait plus ce qu'elle voulait.
Qu'il se lèvre, la prenne dans ses bras? Qu'il s'en aille?
Non, elle ne savait pas.
Elle s'en voulait, en plus, d'avoir dévoilé sa pensée, ses sentiments, toute son émotion rien qu'avec une phrase...
Une malheureuse phrase.... Oh que c'était rageant ! Maintenant, il savait tout, tout, tout son amour, toute sa peine...
Et en même temps c'était mieux, elle n'aurait pas à s'évertuer à lui faire comprendre ses réactions.
Elle n'avait jamais essayé de toute manière.


Puis il se mit à parler finalement.
Au début, elle ne voulut pas se tourner vers lui, ce n'était que cafouillage.
Puis elle le sentit s'approcher, elle sentit que cela allait être sérieux, mais elle ne voulait pas, toujours pas le regarder, elle voulait d'abord savoir ce qu'il allait dire, ce qu'il allait faire, ensuite elle choisirait...
Une larme, une belle et longue larme brillante roula le long de sa joue en l'entendant, et un sourire poignant rien que pour le début, et surtout pour la fin.
Peu? Lui, Eliott Haubert, le grand révolutionnaire, le Masque D'Argent, il avait peur?
C'aurait été risible si elle ne l'avait pas cru.
Au début, peut être pensa t'elle que ce n'étaient que des mots pour la faire revenir, lui faire avaler le tout...
Mais c'était quelqu'un de trop honnête, elle le croyait.


Puis il partit dans son long monologue.
Elle n'eut pas le coeur à rester dos à lui plus longtemps, et fut obligée de se retourner.
Elle l'écouta... l'écouta jusqu'au bout, même si ça lui faisait mal.
Elle aurait tout donné ou presque pour entendre ça il y a quelques jours encore.
Mais, à présent, elle sentait que quelque chose avait changé...


Je n'irais pas jusqu'à dire que je t'aime par un véritable amour mais je suis sûr que c'est bien plus que de l'amitié qui nous unis.


D'autres larmes roulèrent sur ses joues, lentes, déchirantes, mais calmes.
Elle tenta, maladroitement, de les cacher.
Eut un sourire douloureux.


" Malheureusement, quoi que tu fasses, je souffrirais. "


Sa voix était très basse, presque rauque, d'avoir tant crié en si peu de jours.


" J'en suis parfaitement consciente, depuis longtemps, je ne te l'ai jamais dit parce que je ne voulais pas que tu te sente coupable... Mais là je n'ai pas le choix. "


Elle aurait tout donné pour que tout redevienne comme avant...
Mais était ce vraiment possible maintenant?
Lentement, elle se détourna, et se mit à marcher pour aller récupérer ses bas et ses chaussures.
Elle vacillait légèrement, comme abrutie de toute l'émotion qu'elle avait laissé jaillir d'elle.
Elle marchait près du bord.
Trop près...


Pendant une demi-seconde, elle ne sut ce qui se passa, peut être vacilla t'elle un peu trop, peut être son pied dérapa t'il, toujours est il qu'elle perdit l'équilibre, n'essaya même pas de se retenir, trop abasourdie, jeta un regard effrayé autour d'elle, et tomba dans l'eau glacée de la mer.
Aussitôt, elle cru que son coeur s'arrêtait de battre, figé par le froid intense qui pétrifait tous ses muscles.
Elle n'avait jamais su nager.
Elle se sentit couler, couler...
Mais aucune panique ne l'envahit pourtant.

[Lui salaud ? Meuh noooon ]

Quoi que tu fasses je soufrirais...

Et qu'avait-il fait pour avoir cela ? Pour faire du mal aux femmes ? Lui le grand Masque d'Argent, le révolutionnaire sans peur, il n'arrivait pas à comprendre ce qui lui arrivait... Etre coupable, cela faisait bien longtemps qu'il se sentait l'être ! Depuis qu'il avait deviné ses sentiments même ! Oh qu'il s'en voulait de posséder un coeur de pierre. Un coeur impénétrable, un coeur emprisonné... Depuis sa plus tendre enfance il n'avait jamais éprouvé l'amour qu'onlui avait décrit.

Alors qu'il était bien pensif, Eléa bascula dans l'eau. Il releva des yeux effrayés. Elle ne savait pas nager... Il jura en lui même de ne pas lui avoir appris...

- ELEA !! -

Sans demander son reste, il courut vers le rebord et plongea. Arrivé sous l'eau il mit un certain temps à ce que ses yeux s'habituent à la couleur verdate de l'eau du port. Il aperçut Eléa qui coulait, sans réfléchir il nagea jusqu'à elle et l'attapa par la taille. Elle manquait d'air, et même en la hissant à la surface ce serait trop tard. Il remonta seul à la surface et prit le plus d'air possible dans sa bouche, avant de replonger. Il arriva à ses côtés et lui attrapa délicatement la tête pour la raprocher de la sienne. Leurs lèvres se encontrèrent et Ely transmit le peu d'air qu'il possédait...

Il la hissa alors à la suface, avant d'arriver à l'air frais et de reprendre ses esprits. Il la enait toujours par la taille et l'attira contre le rebord du quai, il s'aggripa à un anneau d'attache et tourna ses yeux vers Eléa. Si ils restaient comme ça ils risqueraient de mourir gelés...

[Là il est chou en tout cas XD]


Ca y est, elle manquait d'air à présent, elle sentait cette gêne en elle, dans ses poumons, ses membres s'engourdissaient de plus en plus, ils étaient inutilisables maintenant, ses yeux restaient ouverts, pour l'instant, mais c'est parce qu'elle se sentait trop épuisée.
Une fois que son faisait à l'empêchement de respirer, ce n'était pas si douloureux.
Non, le froid semblait retenir toute douleur de s'exprimer.
Etait ce cela mourir? Pas si désagréable finalement.
Oui, il y avait bien pire ! Elle se sentait bien... elle avait même de nouveau chaud ! Elle avait l'impression d'être serrée contre quelque chose, elle se demanda fugacement quoi, puis se rendit compte ou qu'elle était aveugle, ou qu'elle avait fermé les yeux, car il n'y avait plus que du noir.


Elle eut un doux sourire.
Oui, c'était comme si quelqu'un l'accueillait dans ses bras... vraiment, très agréable cette mort, on ne pouvait rêver mieux, même si c'était un peu stupide.
Puis, soudainement, il y eut une douce pression contre ses lèvres, elle sentit sa bouche s'ouvrir, un peu, de l'air passa, et ses poumons se remirent à fonctionner, luttant désespérement pour faire passer de l'air, cet air qui brûlait, qui brûlait alors qu'elle ne voulait que dormir !
Elle ne sentit plus que douleur et eut crié si la bouche d'Ely sur la sienne ne l'en eut empêchée.
Elle s'agrippa à lui avec désespoir, ses yeux voyant de nouveau, se débattant.


Non, non, elle ne voulait pas mourir, c'était trop idiot !


Avec soulagement elle se sentit ramenée à la surface, et ils crevèrent les flots, et elle pu respirer de nouveau...
Chaque inspiration était une torture insoutenable, mais elle y parvint.
Son visage la brûlait, ses yeux étaient éblouis de tant de lumière soudaine, et elle était totalement affolée.
Heureusement, elle réussit à garder son calme, pour ne pas destabiliser Eliott.


Ses doigts rencontrèrent la pierre, elle tenta de se hisser, y parvint plus ou moins, ses pieds l'aidèrent, elle trouva le rebord, s'agrippa, lutta de toutes ses forces pour remonter avec un extraordinaire instinct de survie comme l'ont les bêtes, retomba sur le sol avec un soupir de soulagement.
Elle se redressa un peu, roula sur le côté, voulu tendre la main pour aider Eliott à remonter...
Puis s'évanouit.

[Ah ! XD j'suis sûre que t'as pensé au Jour D'Après mdr]


Elle avait réussit, elle était sortie de l'eau !
Mais pas sortie d'affaire pour autant, elle se sentait de nouveau sombrer... mais intérieurement cette fois.
La peur et l'eau glaciale avait eu sur elle un impact plus grand qu'elle ne l'aurait cru.
Elle se sentait affreusement affaiblie, fiévreuse, oui, elle grelottait à présent.
Le vent malicieux soufflant sur les deux rescapés lui coupait le souffle.
Son esprit était toujours présent mais lui demander d'ouvrir les yeux, de parler ou de bouger, c'était peine perdue, elle ne pouvait pas.
C'est alors qu'elle sentit un peu de chaleur soudain.
Un tout petit peu au début, puis ses membres engourdis se réveillèrent peu à peu, maintenant, elle sentait qu'elle avait froid !
En fait, quelque chose était contre elle.
Elle réussit à ouvrir les yeux.


faire peur...


Oui, ça faisait peur ce qui c'était passé en effet...
Qui avait dit cela? Ah oui... lui... Eliott. Oui, Eliott, c'est ça. C'est bon, ses pensées revenaient totalement à présent, elle réussit à bouger un peu la tête, à blottir ses bras contre sa poitrine, à souffler sur ses doigts bleus, transis.
Pourquoi avait il dit cela? Dommage qu'elle n'ait pas entendu le début de sa phrase.
Elle avait l'impression que ç'aurait été important, sinon intéressant.
Mais bon. Tant pis.


Enfin, elle rencontra ses yeux.
Oups, grossière erreur, ils n'avaient rien perdu de leur prodigieux pouvoir d'attraction... Elle se sentit encore plus faible, si c'était possible.
Dommage aussi qu'elle ne vit pas la larme qu'il avait sur sa joue, larme qui se mélangeait avec l'eau qui ruisselait toujours sur lui.
Elle le regarda un moment.
Il l'avait sauvée ! Peut être tenait il un tant soit peu à elle finalement.
Non, franchement, elle était stupide, bien sûr qu'il tenait à elle, elle n'avait pas le droit de prétendre le contraire, il l'avait maintes fois prouvé, mais la question restait sur la manière dont il tenait à elle...


" Eliott... "


Elle avait enfin réussit à parler.
On n'imagine pas l'effort que c'est d'ouvrir la bouche, de tirer, pousser sur sa gorge pour réussir à produire un son, puis d'enfin bouger ses lèvres, les modules pour parvenir à proférer une parole.
Non, on n'imagine pas à quel point c'est dur tant qu'on ne se trouve pas obligé de le faire.
Elle continua de le regarder.
Ses yeux étaient beaucoup plus doux à présent.
Comment rester longtemps fâchée après lui? Si, de plus, il lui sauvait la vie, c'était totalement impossible.


" Tu sais... J'avais pensé que si je te revoyais... que je... (elle tenait de reprendre son souffle avec difficulté ce qui rendait ses paroles si hachées) je te frapperais le visage jusqu'à ce que tu sois en sang que... que je t'insulterais de la manière la plus horrible qui soit, que je te cracherais dessus, que je t'écraserais mais... "


Elle baissa les yeux, et l'on ne sut plus très bien si elle haletait ou si elle sanglotait à présent. Elle avait vraiment beaucoup d'eau sur le visage.


" Je ne peux pas. Je n'ai jamais pu, quand bien même tu aurais pu me blesser, me faire pleurer... je crois que je n'arriverais jamais à te détester. Jamais vraiment. Ou bien... "


* Je n'arriverais jamais à cesser de t'aimer. *


Elle caressa brièvement sa joue avec un sourire un peu mélancolique.
Puis elle se mit à rire.


" Tu as vraiment de drôle de méthode pour soigner les gens (elle claquait des dents à présent, mais elle continuait de rire) te mettre torse nu? "


D'ailleurs, ils feraient mieux d'aller ailleurs, de peur de choquer quelque âme sensible qui passerait dans le coin !

Elle baissa la tête.
Quelque chose perla au coin de ses paupières.
Une goutte d'eau sans doute.
Qu'elle imbécile ! Qu'elle mauvaise âme elle était !


" Ely, je suis tellement désolée... "


Elle prit ses mains entre les siennes, tremblantes, et y posa ses lèvres.
Bien sûr qu'il n'avait pas pensé à mal, mais elle n'avait pu le prendre autrement, ses sentiments étant trop importants, trop indomptables pour qu'elle les discipline et les étouffe...
Non, elle n'avait pu que souffrir à en mourir... idiote.


" Si tu savais comme je regrette de te faire de la peine... Si seulement je parvenais à m'empêcher de... "


Elle détourna le regard.
Non, elle ne pouvait le dire à haute voix.
Peut être avait il deviné ses sentiments, mais pas leur intensité.
Elle ne voulait pas le lui dire.


Elle le vit se redresser, attrapa ses bras pour se lever à son tour, les deux prenant appui l'un contre l'autre pour se mettre debout et y rester.
Ses jambes tremblaient un peu, mais elles restaient plus ou moins stables pour le moment.
Elle accepta avec grattitude le manteau qu'il lui mit sur ses épaules, même si elle allait le lui rendre bientôt, car elle n'accepterait pas évidement qu'il reste dans le froid.
Elle reprit fébrilement bas et chaussures et le suivit tandis qu'il les amenait dans un coin sombre, à l'écart de tous.
Oui, c'était déjà plus discret.


Elle s'appuya contre le mur et leva des yeux un peu fiévreux vers lui.
Ils se teintèrent d'étonnement lorsqu'elle vit l'expression qui demeurait dans son regard.


" Eliott? "


Tenant le manteau serré contre elle, lâchant ses affaires, elle posa sa main libre sur sa joue, lui caressant doucement la tempe.
Un moment, elle pensa qu'il était malade, car elle ne l'avait jamais vu avec cette expression.

Laisse moi t'embrasser...


Ses yeux, déjà fort étonnés, s'écarquillèrent
Ses lèvres s'entrouvrirent légèrement, elle voulait parler, ce n'était peut être pas une si bonne idée, alors qu'ils étaient déjà complètement à fleur de peau, et elle trouvait encore tout un tas de raison qui faisait que ce n'était vraiment pas bien...
Tout un tas de raison qui s'envolèrent lorsqu'il posa ses lèvres sur les siennes.


Elle n'avait pas le souvenir d'un baiser aussi tendre et passionné à la fois, elle avait l'impression que ses lèvres glacées s'enflammaient d'un coup.
Elle entoura sa nuque de ses bras, l'attirant à lui avec passion, plaquant son corps contre le sien.
C'était comme si quelque chose venait de changer, comme si quelque chose venait de s'ouvrir...
Une larme bien réelle roula sur sa joue cette fois et elle du lâcher ses lèvres un moment pour reprendre son souffle, avant de les reposer, plus doucement, plus langoureusement.

Eléa poussa un soupir langoureux plein d'un bonheur et d'un soulagement extrême, avant de se laisser aller contre son épaule en toute simplicité.
Ses bras antourèrent sa taille et ses mains remontèrent sur ses épaules.
C'était ainsi qu'elle aurait voulu rester, voulu vivre : elle et lui, enlacés, heureux, et qu'importe le froid ou le malaise d'être trempés et dans la rue, ils étaient simplement ensemble et ce moment était si plein de tendresse que son coeur en était bouleversé.
Bouleversé, il le fut plus encore lorsqu'elle entendit ces mots ô combien attendus et encourageant dans son amour.
L'aider? Et comment qu'elle allait l'aider ! De toutes ses forces et de toutes son âme ! Elle qui avait cru donner, elle allait devoir se trouver d'autres réserves de don de sa personne à lui offrir.
Elle avait de nouveau envie de pleurer, elle était, il faut l'avouer, en situation d'etrême sensibilité, mais elle ne le fit pas, car ce moment devait être juste heureux.


" Muero de amor por ti... " Murmura t'elle avec un petit rire ravi.


Elle se redressa un peu et, comprenant qu'ils allaient s'en aller, se dépêcha d'enfiler ses souliers et d'enfouir les bas dans la poche du manteau toujours jeté négligement sur ses épaules.


Elle frotta énergiquement ses bras pgur tenter de se réchauffer, et se serra contre Ely en se mettant à marcher.


Elle eut un doux sourire en l'entendant et releva la tête vers lui.ŠElle éclata de rire lorsqu'il lui ébouriffa les cheveux et tenta de se soustraire à ce traitement, avant de s'arrêter net en entendant la suite et de froncer les sourcils.


" Qu'est ce que tu... HEY ! "


Elle lui donna une bourrade (violente^^) à l'épaule, mais sourit tout de même.
Pourtant, elle réajusta son manteau et le serra fort contre elle.


" Ce n'est pas parce que tu as déjà pu voir certaines parties de mon anatomie que tu peux te permettre de le faire tout le temps ! "


Non mais XD

Eliott eut un petit sourire innocent devant sa mine indignée. Néanmoins il couina [trop chou XD] sous la douleur de la tappe d'Eléa. Elle avait beau être moins forte, elle n'en était pas moins redoutable ! Il posa une main sur sa pauvre épaule martirisée et fronça les sourcils tout en riant.

- Certaine part...oh mais je les aient toute vues ! -

Il lui adressa un petit sourire taquin. Oui mener les personnes à bout était un de ses passe-temps favoris ! Mais c'était toujours gentil...Enfin presque ! Il éclata de rire tout en la regardant.

- Tu n'es plus un secret pour moi... -

Décidément, il était décidé à raconter des bétises, pour être polie. Il se raprocha d'elle et passa une main sur sa taille, ne manquant pas de la caresser au passage. Il se pencha et ses lèvres frolèrent son oreille.

- Tu n'en es pas moins attirante... -

Sur ces mots il bondit sur le côté et continua de marcher comme si de rien était.

- M'sieur ! Vot' ch'val ! -

Ely tourna les yeux vers un gamin qui lui faisait de grands signes.L'enfant tenait toujours son cheval et Ely le gracia du regard en reprenant les rênes. Il se tourna alors vers Eléa en la regardant d'un air interrogateur.

- Une petite balade à cheval, ça te dit ? -

Elle l'écouta avec un air qu'elle tentait de rendre exaspéré.
Mais en même temps, elle souriait, forcément. Mais intérieurement.


" Tu sais que tu es en train d'agraver ton cas? Attends un peu que l'on se retrouve seuls, et tu verras ce qui va t'arriver ! "


Elle éclata de rire, mais elle pensait tout ce qu'elle disait^^
Elle frissonna lorsqu'il commença à jouer au séducteur...
Il avait vraiment décidé de la rendre folle aujourd'hui !
Elle se serra un peu plus contre lui, se disant en elle-même que c'était parce qu'elle avait très froid, mais ce n'était pas que ça, évidement...
Elle adorait qu'il lui fasse ainsi des compliments... surtout qu'elle ne savait jamais quand ça allait lui tomber dessus !


Elle vit alors arriver un petit garçon tenant un cheval par la bride.
Elle reconnut la monture d'Eliott.
Un petit sourire se dessina sur ses lèvres losqu'il lui proposa la balade à cheval.
Elle se tourna vers lui, les yeux brillants.


" C'est vrai que c'est très romantique, mais si la balade pouvait consister uniquement par le chemin du retour, ça m'arrangerait parce que je n'en peux vraiment plus.... "


De fait, si elle avait su ce qui l'attendait à la suite de cette baignade involontaire... Elle aurait été moins insouciante.
Et elle aurait comprit pourquoi elle était tant fatiguée ces temps-ci.


[J'viens de me rendre compte que j'ai oublié un truc XD]


Elle s'approcha du cheval, sourit à la bête qu'elle trouvait si grande, approcha sa main pour lui caresser les naseaux...
Sa main était bandée.
Un peu tâchée de sang.
Il était tant de changer le pansement.
Elle pensa soudain à Eliott qui la regardait, et baissa brusquement son bras, faisant sursauter la bête.
elle n'avait pas tellement envie qu'il voit ça, il se sentirait encore coupable, même si il n'y était pour rien, c'était elle qui avait frappé contre le mur...

Oui, bien épuisée...
Elle fit mine de rien, comme elle en avait l'habitude (et la fierté) mais resta tout de même à proximité du cheval pour atteindre la selle, au cas où elle tomberait pendant ces trois pas.
Elle aurait eu l'air bien stupide...
Mais elle ne tomba pas, non, heureusement.
Elle posa ses mains sur la selle, son pied dans l'étrier, et jeta un regard vers Eliott pour quérir de l'aide.
En fait, ces grandes bêtes l'avaient toujours impressionnée... mais attirée en même temps, tant elle les trouvait magnifiques.
Mais là elle n'osait pas faire un geste qui serait malvenu.
Heureusement, il la porta quasiment et la plaça d'autorité devant la selle, montant après elle.

Elle sentit ses bras se glisser autour de sa taille, et se pelotonna contre lui, ravie d'avoir encore un peu de chaleur... et de contact.
Ses mains cramponnèrent la crinière de son mieux, et ils partirent.
Au galop, évidement, et si elle était un peu mal à l'aise au début, elle se fit vite au train du cheval et Ely la retenait et guidait ses mouvements de toute manière.

Alors qu'ils approchaient de chez elle, elle commençait à reconnaître la route, elle sentit quelque chose lui caresser la main.
Elle eut un peu mal tout d'abord, car elle était encore sensible, peut être même cassée.
Puis elle sentit ses lèvres sur sa joue.
Elle eut un petit sourire, rapide, légèrement triste.


Quelques éclats de verre
Auraient peut être pu nous aider...


Elle ferma les yeux et s'appuya contre lui, refermant sa main et la posant contre sa poitrine.

Ils arrivèrent chez elle dans un silence complet, Eliott l'aida à descendre, et elle du s'appuyer contre lui pour marcher jusque chez elle, avant de se laisser tomber sur le lit.
Elle n'avait pas prit la peine de ranger les affaires après sa crise, alors la table était toujours renversée, et d'autres signes montraient un énervement profond.
Elle rougit.

Eliott ne dit rien, mais elle, elle ne pu dire s'il en avait été blessé ou non.
Elle le regarda un moment remettre quelques affaires en place, voulut parler, et finit par sombrer dans le sommeil, un bienfaisant sommeil.
A son réveil, il était partit.
Mais là, elle savait qu'il reviendrait.
Elle regarda par la fenêtre.
La lune brillait, s'était encore la nuit.
Elle reposa sa tête sur l'oreiller et se rendormit, sourire aux lèvres.