Une Matinée dans la brume

Et voilà elle était encore en retard, de toute manière, Emilie l'aurait prédit tellement c'était évident!
La preuve, il n'y avait plus personne sur cette place dit la place publique, ils étaient déjà tous partis, pour avoir les meilleures places, pour mieux, diffamer, Emilie soupira, le monde était si prévisible!
Sauf Eléa, la plupart du temps, ces réactions étaient tellement invraissemblables, incohérentes, c'est une des raisons pour lesquelles, elle s'était beaucoup attachée à elle.
Fille de la rue, comme elle, elles avaient soufferts toutes les deux dans leur famille, la mort...
Le monde était prévisible, mais cruel, Emilie le savait...
Et dire qu'elle aurait pu dormir un peu plus...
Elle s'assit sur le rebord de la fontaine, et attendit.
Perdue dans ses pensées, elle se demandait qu'est-ce qui se passait, à quelques kilomètres d'ici, dans ce château, dit d'or...
Elle aurait tellement voulu être là, pour aider son peuple, pour le guider.
Elle savait que son petit sourire en coin aidait beaucoup.
A qui elle est fidélement attachée, au lieu de quoi, elle poireautait, dans cette matinée brumeuse. Elle leva la tête, vers le ciel qu'elle ne voyait pas, oui brumeuse...

Sa robe, qui était à la fois vert -pâle, et noire, s'accordait parfaitement à son teint blanc, et faisait ressortir ses yeux si verts.

Dès qu'elle la verrait arriver, sa robe traînant à terre, comme la sienne d'ailleurs, elle se facherait tout d'abord, en fronçant ses petits sourcils, puis un sourire naîtra au coin de sa bouche, et elle la serrait dans ses bras, avides de liberté.

Elle était impatiente, tellement qu'elle ne pouvait même plus rester assice, il fallait absolument qu'elle marche.
Elle se mit à tourner en rond autour de la fontaine, et enfin elle la vit, cette ombre traînante, et charmeuse.
Elle avança souriante, oubliant les sourcils fachés, vers sa liberté.

Et voilà, c'était le grand jour...
Elle avait reçu la lettre hier.
Au début, elle avait hurlé, tempêté, frappé du pied sur le sol, fracassé sa seule chaise - chose qu'elle avait bien regretté après coup - mais rien n'y faisait évidement.
S'il avait décidé de prendre de la distance, ce n'était pas elle, Eléa, objet de sa fuite, qui allait pouvoir le faire changer d'avis...
Ou peut être que si mais pas de manière irréfléchie cette fois.
Mais pourquoi s'obstinait elle encore à rester avec lui?
Tout simplement parce qu'il ne lui avait pas fait assez de mal pour qu'elle puisse s'en éloigner définitivement.
Horrible non?
Elle n'était qu'une marionette... flottant au gré de ses passions.
Flottant au gré des envies et humeurs d'Eliott Haubert.
Aucune volonté. Pathétique.

Aujourd'hui, elle n'avait pu s'empêcher de mettre sa belle robe... celle que Mélodie lui avait offert.
Elle avait d'abord décidé de ne jamais la mettre, mais son orgueil et son besoin s'étaient fait trop pressants.
Une prise de guerre? Non. Plutôt un du. Elle l'avait blessée, et même si ce n'était en rien sa faute, Eléa trouvait parfaitement normal d'avoir une compensation.
Et puis cette robe était très confortable... très chaude et très belle.
Le jupon était large et doublé, la couleur blanche pas encore salie heureusement, la fourrure était douce au col...

Au fait, qu'est ce qu'a ce jour de si important?
C'est l'amorce de la révolution...
Elle doit retrouver Emilie, qu'elle n'a pas eu le temps de mettre au courant... Mais tout le monde est prêt sinon.
Aujourd'hui, on dupe la reine.
Quand elle aperçu son amie, elle se mit à courir.

" Emilie ! "

Elles se tombèrent dans les bras. Elles ne s'étaient pas vues depuis un moment.
Eléa avait les yeux brillants.

" Navrée d'être si en retard, fit elle en haletant, mais j'ai du amener du monde... "

Un par un, les révolutionnaires ou autres qui avaient voulus les réjoindre sortirent de l'ombre.

" Aujourd'hui, il y a un grand bal au château... "

Emilie sourit
... elle n'avait pas prévu ce coup là,
mais elle était enfin rassurée..
son amie était bien imprévisible, enfin quelque chose d'anormal, quelque chose qui la surprend...
Cela faisait si longtemps...
Sans poser de questions, elle n'en avait aucune à poser...elle était toujours au courant des rumeurs de Kinian...
Même si elle était contre ces diffamation sordides du peuple, elle écoutait toujours, mieux valait être au courant de tout dans ces temps si dures...
Elle releva la tête, vers le ciel, et elle aperçut un léger bout de bleu, cela se dégageait...
Elle rit intérieurement, la reine avait de quoi s'en faire...
Puis elle suivit son amie, fière de passer enfin à l'action...